« En Corse, nous avons 600 décès par an liés au tabac »

En Corse, 15,5 % des décès sont liés au tabac, selon les chiffres de Santé Publique France, publiés en février 2021. Une proportion plus élevée que les 13 % estimés au niveau national. Ce constat statistique rejoint celui des professionnels sur le terrain. « En Corse, nous avons 600 décès par an liés au tabac », relève le tabacologue et addictologue Christian Sain.

Des chiffres élevés, qu’il s’agisse des hommes comme des femmes. Toujours selon les données de Santé Publique France, la part des décès imputables au tabagisme chez les hommes est de 22,7 %, soit un chiffre plus élevé que la moyenne nationale, à 19,3 %. Chez les femmes, elle est de 8 %, ce qui est également légèrement plus élevé que la moyenne nationale, à 6,9 %.

Si la consommation reste plus élevée chez les hommes, l’écart tend à se réduire, puisque « depuis 10 ans les hommes on diminué leur consommation par deux et les femmes ont augmenté la leur par 4 ». Chez les jeunes, ce n’est pas mieux : « Les adolescents entre 15 et 18 ans fument plus au niveau régional ». Au global, le tableau insulaire s’avère peu reluisant : « La Corse est la région de France où l’on fume le plus », selon Christian Sain.

Un podium dont l’île se passerait bien. La faute au prix du paquet de cigarettes, encore trop attractif pour le tabacologue : « On fume beaucoup en Corse parce qu’on a un coût de 25% moins cher et plus de débits de tabac que partout ailleurs en France. On trouve des cigarettes de partout ! ». Conséquence : « Le prix du tabac est 25% moins cher et on a 25% de cancers en plus », se désole le spécialiste.

 Pour Christian Sain, il est plus que jamais nécessaire d’insister sur les méfaits de la cigarette. « La nicotine est une drogue dure légale », rappelle-t-il. Que faire alors pour arrêter ? « Il faut se faire aider par un professionnel de santé, un médecin traitant, un pharmacien, un spécialiste… ». Car la volonté seule du fumeur n’est pas suffisante, selon l’addictologue. « L’arrêt du tabac n’a rien a voir avec la volonté, c’est un processus qui se passe au niveau des récepteurs cérébraux ». Si pour Christian Sain, il n’y a pas de « méthode miracle » pour arrêter de fumer, certaines sont validées par des études scientifiques « comme les substituts nicotiniques », et d’autres ne le sont pas, « comme l’hypnose ou la mésothérapie ».
 
Augmentation du prix, paquet neutre, lois d’interdiction de fumer dans les lieux publics… Au-delà de l’accompagnement individuel, les mesures de santé publique se sont multipliées ces dernières années pour faire diminuer la consommation de tabac. Pour Christian Sain, le plus efficace serait une augmentation drastique du prix du paquet de cigarettes. « Les augmentations décidées ne sont pas assez importantes d’un coup, tant qu’il n’y a pas de grosse augmentation, il n’y aura pas d’arrêt chez les fumeurs. », estime-t-il. Autre mesure nécessaire, selon le spécialiste, « éviter de vendre des cigarettes aux mineurs ». Car l'idéal reste, évidemment, de ne pas commencer.